📚Alice de Nussy et Jean-François Martin
Editions Grasset-Jeunesse – Collection Lecteurs en herbe – 2024-32 pages
A partir de 4 ans
Et si partir à la chasse au chat, c’était en réalité partir à la découverte de soi ? Se débarrasser des émotions trop envahissantes ?
Par un dimanche après-midi pluvieux, une petite fille regarde tomber la pluie… et s’ennuie sous l’injonction de ses parents : « Pluie dehors, nous dedans ». Il n’en faut pas plus pour qu’un minuscule chat s’installe insidieusement dans la gorge de la petite fille. Un petit chat, rien de bien méchant, mais qui va bientôt obséder la petite fille qui tentera tout pour s’en débarrasser : boire du lait, manger des bonbons. Le petit chat devient pourtant gros matou insolent et finalement énorme tigre. Cette fois, c’en est trop ! La petite fille rugit et enrage. Elle ordonne au tigre de sortir de sa gorge. Mais il résiste.
Ce n’est que l’intervention bienveillante de son papa, un verre de lait à la main qui va ramener le calme. Chasser le chat. Mais qui est ce chat ? Pourquoi faut-il le chasser ? Très vite, le lecteur comprend que ce n’est pas une chasse ordinaire, mais une recherche plus intime, à travers les mots, les sons, et peut-être même les émotions.
Ce « chat » introuvable semble représenter bien plus qu’un simple animal à attraper. Il est la métaphore d’un trouble, d’un désordre, d’une sensation insaisissable.
Est-ce une peur ? Une colère ? Une envie de comprendre ? Le lecteur, qu’il soit enfant ou adulte, se laisse emporter dans cette aventure sans trop savoir comment elle se terminera.
Alice de Nussy manie les mots avec délicatesse, jouant sur les sonorités et les répétitions. Le texte prend des allures de poésie, rythmée et en apparence simple, mais dense de sous-entendus. Elle laisse une large place à l’interprétation.
Les illustrations de Jean-François Martin complètent cette étrangeté. Son univers graphique, sobre, stylisé et élégant jusque dans le choix des couleurs crée une atmosphère à la fois douce et déstabilisante entre les pages de droite et celles de gauche. Les couleurs sont sobres, les personnages souvent immobiles, ce qui renforce l’impression d’un monde suspendu. Le chat, quant à lui, n’apparaît que par touches, laissant planer le mystère et stimulant l’imaginaire.
Cette petite fille, qui n’a pas de nom, pourrait être toutes les petites filles (ou petits garçons) du monde. Mais peut-être aussi les adultes.
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Rédactrice : Agnès

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